La cause animale dans la mêlée de la majorité

Le sujet monte en puissance, trusté par l’intérêt de la société, mais par quel bout l’attraper ? C’est toute la difficulté à laquelle le gouvernement comme les parlementaires se heurtent, tiraillés par des niveaux inégaux de sensibilité à la cause animale. Bilan : poussins et testicules de porcelets sont devenus, de façon assez inattendue, des motifs de rupture dans la majorité et des objets d’alliances dans l’opposition. 

Édition Agro
Hélène Chaligne
10 février 2020 à 7h00
Le bien-être animal génère des tensions au Parlement — Pxhere

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Le texte de Villani pousse la majorité à se mouiller sur le bien-être animal

Ceux qui attendaient de la niche d’Écologie Démocratie Solidarité qu’elle propulse le bien-être animal dans la pile des textes adoptés par l’Assemblée ont été déçus. Néanmoins, la stratégie des ex-marcheurs devrait payer sur un point : La République en marche n’a plus d’autre choix que de se positionner plus clairement sur le sujet.

Le premier déminage du texte sur les néonicotinoïdes apaise les crispations dans la majorité

Malgré des débats musclés sur le projet de loi destiné à réautoriser ces insecticides sur dérogation, la majorité ne s’est pas écharpée. Des échanges en commissions plutôt construits, une certaine pédagogie des rapporteurs et du ministre de l’Agriculture, permettent d’envisager plutôt calmement les échanges en séance publique, le 5 octobre. Le texte apparaît suffisamment toiletté pour rattraper au vol les quelques opposants au sein du groupe.

Les déboires de l’abattoir Sobeval épicent le Salon de l’agriculture

Finalement, l’abattoir en Dordogne voit son agrément suspendu temporairement. Ce n’est pas la première fois qu’une vidéo choc débouche sur une telle décision administrative. En revanche, c’est inédit que le scandale se trouve pimenté d’une fuite de mails des services du ministère de l’Agriculture. L’affaire traduit le malaise qui existe entre cabinet et administration.

Bien-être animal : le porc lancé à l’aveuglette vers l’amélioration des pratiques

Le ministre de l’Agriculture promet depuis l’été des mesures fortes sur le bien-être animal, « dans les jours » ou « dans les semaines » à venir. Mais rien ne vient. À la fois pressés par des attentes sociétales et par la rue de Varenne, les professionnels du cochon se savent concernés. En cette fin d’année, la volonté de l’administration devient plus claire, mais pas l’articulation avec l’existant, ni le calendrier. 

Poules pondeuses : la tension couve

Depuis la promulgation de la loi Egalim, « la mise en production de tout bâtiment nouveau ou réaménagé d’élevage de poules pondeuses élevées en cages est interdite », dixit l’article 68. Le message est clair, sauf que le ministère couve un décret affinant les modalités d’extinction des bâtiments existants. Le projet de texte sème la pagaille au sein des parties prenantes.