Concessions en trompe-l’œil pour faire céder Varsovie et Budapest

Dans la soirée du 10 décembre, la Pologne et la Hongrie ont levé leur veto à l’approbation du budget 2021-2027 de l’Union et de son plan de relance. Les dirigeants européens ont accepté de soutenir une déclaration commune sur le futur règlement « État de droit », qui a suffi à lever les réserves des deux pays. Budapest et Varsovie crient victoire. Décryptage.

Édition Pouvoirs
Jean-Sébastien Lefebvre (bureau de Bruxelles)
11 décembre 2020 à 7h00

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La Hongrie jette une ombre sur les grands dossiers européens de l’année
Viktor Orbán a de nouveau démontré, lors du sommet européen des 29 et 30 juin, sa faculté à perturber les négociations des Vingt-Sept. Un savoir-faire dont il pourrait user dans les discussions à venir sur plusieurs sujets majeurs, dont le budget et le futur élargissement de l’UE. Des dossiers qui se jouent à l’unanimité et lui laissent donc un droit de veto.
État de droit : la Commission européenne sous pression pour agir
Les juges ont tranché. Le nouveau mécanisme qui permet de suspendre le versement des fonds aux pays défaillants est compatible avec le droit de l’Union. Ursula von der Leyen promet d’agir face aux dérives polonaises et hongroises, mais seulement après « analyse » de la situation. Les députés exigent une réponse plus rapide. En coulisses émerge en parallèle la crainte de blocages intempestifs d’autres dossiers par Varsovie et Budapest, pour marquer leur mécontentement.
L’État de droit, cette crise à combustion lente qui menace l’Union
Le Premier ministre polonais l’a affirmé, face à ses pairs réunis à Bruxelles en sommet, le 21 octobre : il reconnaît la primauté du droit européen sur le national, mais dénie à la justice européenne le droit d’intervenir sur la question de l’indépendance de son système judiciaire. Or, sans cette possibilité, la confiance entre États, principe de base de l’Union, n’existe plus.
À Bruxelles, l’autodestruction de l’influence polonaise
Les cinq années de pouvoir des ultra-conservateurs du PiS ont réduit à peau de chagrin l’influence du pays dans les instances bruxelloises. Une conséquence directe de leurs choix politiques internes et vis-à-vis de leurs partenaires. Entre 2004 et 2015, Varsovie avait pourtant réussi à se hisser au plus haut. Récit d’une chute. 
État de droit : le Parlement arrache des concessions aux États, Budapest mécontent
Les députés crient victoire. Un accord a été trouvé avec les États et des concessions ont même été obtenues. La Commission pourra bien demander la suspension du versement de fonds européens si elle observe des violations de l’État de droit dans un État membre. Un dossier clé pour faire aboutir les négociations sur le budget post-2020 de l’Union.
Didier Reynders, l’État de droit, c’est lui
Didier Reynders est ministre de tous les gouvernements belges depuis 1999. Son intelligence cassante est l’un des ses traits marquants. Futur commissaire à la Justice, responsable de l’État de droit, Didier Reynders tente d’ores et déjà de marquer son territoire face à la vice-présidente chargée des Valeurs et de la Transparence.

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