Didier Reynders : Pour faire respecter l’État de droit en Hongrie, « la pression budgétaire est efficace »

Dans une interview à Contexte, le commissaire européen à la Justice défend la proposition de suspendre quelque 7,5 milliards d’euros de fonds européens à la Hongrie, accusée de piétiner l’État de droit. L’ex-ministre belge appelle les États, qui ont maintenant la main, à ne pas relâcher la pression sur Budapest.
20 septembre 2022 à 8h00
Pouvoirs
Didier Reynders au collège des commissaires le 18 septembre — European Union, 2022

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Conciliante mais pas trop, la Hongrie se garde des leviers de négociation face aux autres Européens

Viktor Orbán a soufflé le chaud et le froid les 14 et 15 décembre à Bruxelles, lors d’un sommet européen à l’issue demeurée longtemps incertaine. Le Premier ministre ultraconservateur a mis son veto à la révision à mi-parcours du budget pluriannuel de l’UE, mais n’a pas fait obstacle à l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine. Dans ces deux dossiers, cet habile manœuvrier conserve un pouvoir de blocage, utile dans sa stratégie de négociation sur ses fonds européens gelés.

À Bruxelles, Orbán rejoue la stratégie du blocage, jusqu’où ?

Pliera, pliera pas ? La question taraude les Vingt-Sept, qui se retrouvent ces 14 et 15 décembre pour un sommet dont le scénario est indécis comme rarement. Au menu, deux dossiers sur lesquels le Premier ministre hongrois dispose d’un droit de veto : l’élargissement de l’Union européenne et le budget européen. Son pays vient de recevoir dix milliards d’euros de fonds européens dans une procédure normalement sans lien avec le sommet. Il n’est pas dit que ce geste suffira à l’amadouer.

La Hongrie jette une ombre sur les grands dossiers européens de l’année

Viktor Orbán a de nouveau démontré, lors du sommet européen des 29 et 30 juin, sa faculté à perturber les négociations des Vingt-Sept. Un savoir-faire dont il pourrait user dans les discussions à venir sur plusieurs sujets majeurs, dont le budget et le futur élargissement de l’UE. Des dossiers qui se jouent à l’unanimité et lui laissent donc un droit de veto.

Après le choc Meloni, l’UE tentée de jouer la retenue

La cheffe de file de l’extrême droite italienne, Giorgia Meloni, a toutes les chances d’accéder au pouvoir après la victoire de sa coalition aux élections générales du 25 septembre. Sur leurs gardes, les Européens attendent de voir.

Le pari de la Commission pour faire entrer la Pologne dans les clous de l’État de droit

L’exécutif européen a donné son feu vert, le 1ᵉʳ juin, au plan de relance de Varsovie, en échange de la promesse d’une réforme au pas de charge de son système judiciaire. Une décision prise trop à la légère aux yeux des plus sceptiques qui, au sein même de la Commission, dénoncent le manque de garanties préalables demandées au gouvernement ultraconservateur.

L’Union peine à sortir du dialogue de sourds avec Varsovie

Le conflit déclenché par Vladimir Poutine aux frontières de l’Union met la Pologne au premier plan. Varsovie exige plus de solidarité européenne, mais reste toujours sur une ligne intransigeante pour ses différends avec Bruxelles. Une stratégie qui laisse ses partenaires perplexes.

En Europe, la Hongrie fait de plus en plus cavalier seul

Le mécanisme de conditionnalité des fonds européens à l’État de droit a été officiellement activé par la Commission européenne contre la Hongrie. Cette décision ouvre une nouvelle page du conflit entre l’Union et Budapest. Fraîchement réélu, Viktor Orbán dispose d’une marge de manœuvre réduite et manque cruellement d’alliés.

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