Réfugiés, immigration
L'afflux massif de demandeurs d'asile en 2015-2016 a bouleversé la fin du 3e mandat d'Angela Merkel. Son geste humanitaire initial, puis les différents tours de vis appliqués à la politique migratoire ont rythmé l'agenda au fil des mois.
Les alliés bavarois (CSU) de la chancelière réclament depuis 2015 un "plafond" de 200 000 demandeurs d'asile par an. Mme Merkel s'y oppose, mais la CSU a inscrit cette "Obergrenze" à son programme.
Que faire avec les recalés du droit d'asile ? La question est l'objet de vifs débats, surtout depuis l'attentat de Berlin, commis par un Tunisien ayant déposé des demandes d'asile sous plusieurs fausses identités. La grande coalition (CDU/CSU et SPD) voulait pouvoir expulser les migrants économiques issus du Maghreb en classant l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sur la liste des pays sûrs. Mais elle s'est heurtée à l'opposition des Verts au Bundesrat.
La CSU souhaite également une nouvelle suspension du regroupement familial pour les réfugiés titulaires d'une protection subsidiaire. Les communes ne seraient pas capables, selon le parti, à un nouvel afflux, en raison notamment du manque de logements.
Logement
Les tensions sur le marché immobilier touchent, en effet, une bonne partie du pays, dans les grandes métropoles comme dans les villes moyennes. Un tiers des Kreise, l'équivalent des cantons, manquent de logements neufs. Les partis multiplient les promesses en direction des familles pour faciliter l'accès à la propriété ou la construction de logements sociaux.
Fiscalité, retraites
Les formations politiques veulent soulager les familles sur le plan fiscal. Au cœur du plan de baisse d'impôts figure le "Soli". Ce supplément de 5,5 % sur l'avis d'impôt a été introduit par Helmut Kohl pour financer la réunification. Les électeurs ont le choix entre différentes variantes pour mettre à mort l'impopulaire "Soli".
La réforme fiscale doit aussi éliminer la "progression froide" : l'annulation, partielle ou totale, d'une hausse de salaire à cause du passage dans une tranche supérieure du barème de l'impôt sur le revenu.
À gauche, ces allégements, ciblés sur les classes moyennes, doivent être compensés par des ponctions sur les plus aisés. À long terme, le SPD veut entre autres renforcer le niveau des retraites. Les réformes lancées par Gerhard Schröder au début des années 2000 ont établi un corridor jusqu'à 2030, avec un âge de départ porté progressivement à 67 ans. Le taux de remplacement (différence entre le salaire et la retraite touchée) doit descendre jusqu'à 43 % (contre 48 % aujourd'hui) et les cotisations sociales ne pas dépasser 22 %. Or, ce scénario va conduire à une paupérisation des actifs les plus modestes, n'ayant pas les moyens de compléter le régime général par une épargne retraite.
Éducation
L'état déplorable de certains établissements scolaires a ravivé ces derniers mois la discussion autour du manque d'investissement public. Malgré ses excédents budgétaires, le gouvernement fédéral ne peut pas faire grand-chose : le système éducatif dépend des Länder. Une disposition constitutionnelle interdit, depuis 2006, toute coopération. Elle a été assouplie en 2014 pour le domaine universitaire.
Démocratie directe
La Loi fondamentale limite l'utilisation du référendum, revendication historique de la CSU bavaroise. Les électeurs ne peuvent se prononcer directement que pour modifier les frontières ou adopter une nouvelle constitution. Les populistes de l'AfD, sceptiques sur le parlementarisme, mettent eux aussi l'accent sur la démocratie directe et une présidentialisation des institutions.
Double nationalité
Terre de droit du sang, l'Allemagne a opté pour le droit du sol en 2000. Toutefois, elle demande aux ressortissants extra-européens de choisir entre le passeport d'origine et le passeport allemand. Cette disposition concerne en particulier l'importante communauté turque. Le gouvernement sortant a introduit une exception, sous certaines conditions, pour les enfants de parents étrangers nés en Allemagne (ils devaient jusque-là choisir à l'âge de 23 ans).
Armée
La Bundeswehr est une armée à vocation uniquement défensive. En raison des dérives du IIIe Reich, les militaires ne peuvent pas assurer de tâches de police, même dans le cadre d'opérations anti-terroristes. En dehors de quelques opérations extérieures (Kosovo, Afghanistan), ils sont réduits à venir en renfort en cas de catastrophe naturelle.
Hartz IV
Cette appellation est inextricablement liée aux années Schröder. Les réformes du marché du travail du chancelier SPD ont introduit cette allocation, versée aux chômeurs en fin de droits (12 mois). L'allocataire doit toutefois d'abord, s'il en a, dépenser ses économies et vendre son patrimoine, avant de faire appel à la solidarité nationale. Le fonctionnement du RSA français s'y apparente. Les revenus d'activité ou certains transferts publics en sont déduits. Son montant peut être réduit si l'allocataire ne fait pas suffisamment de démarches pour retrouver un emploi.