Élections professionnelles : en Charente, FNSEA et CR au coude-à-coude

Près d’un an après la conquête de huit nouvelles chambres d’agriculture par les « Bonnets Jaunes », qui ont réussi à faire trembler la FNSEA, l’heure n’est plus à célébrer ce succès. En cause, la fronde menée par les départements du Sud-Ouest contre la présidente actuelle. Le linge sale devrait être lavé en famille, lors du congrès électif du syndicat, prévu mi-novembre. Partisans du rapport de force, les opposants à Véronique Le Floc’h défendent une organisation décentralisée du syndicat.

En ralliant trois électeurs sur dix lors des élections professionnelles de janvier, la Coordination rurale vient de ravir 11 nouvelles chambres d’agriculture à l’alliance FNSEA-JA. Un tournant pour ce syndicat qui va devoir choisir entre poursuite de la contestation, terreau de son succès, et institutionnalisation.

Pour la première fois de son histoire, le syndicat majoritaire a été battu par la Coordination rurale dans 14 départements, dont les Ardennes et le Gers, et devancé dans cinq autres par des listes indépendantes ou par la Confédération paysanne. Malgré tout, l’heure n’est pas au mea culpa. Le duo FNSEA-JA préfère mettre en avant les difficultés économiques rencontrées par les agriculteurs dans le Sud-Ouest, région où le recul est le plus net, et la concrétisation tardive des promesses gouvernementales.

Les élections professionnelles 2025 ont, comme beaucoup l’attendaient, changé la donne syndicale. La Coordination rurale progresse quasiment sur l’ensemble du territoire, aux dépens de la FNSEA et, parfois, de la Confédération paysanne, désormais distancée.

Moins de 1 % des contrôles de l’Office français de la biodiversité ont été source de conflits depuis la création de l’établissement public. Contexte dévoile les grandes lignes d’un nouveau rapport d’inspection interministérielle sur les relations entre agriculteurs et OFB. Il confirme la quasi-absence de tensions sur le terrain. « Il n’y a pas de solution miracle » pour apaiser ces liens, écrivent les services d’inspection des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture. La solution réside « dans la volonté des différentes parties d’améliorer leurs relations ». Le rapport doit être officiellement publié après les élections des chambres d’agriculture.

Trente ans après sa création, le syndicat antisystème espère enfin ravir à la forteresse FNSEA plusieurs régions lors des élections professionnelles du 31 janvier. Sa stratégie : s’appuyer sur la dynamique enclenchée il y a un an lors des blocages de route par les agriculteurs et sur sa visibilité médiatique grandissante. Pas sûr néanmoins que cette stratégie suffise pour contrebalancer l’ancrage local du syndicat majoritaire et sa capacité à imposer à l’exécutif ses priorités.

Pour espérer détrôner la FNSEA en janvier prochain, la Coordination rurale n’a pas ménagé ses efforts, en tentant de rallier Jeunes Agriculteurs mais aussi la Confédération paysanne dans plusieurs départements, et notamment en Corse. Manque d’accord sur le fond, manque d’expérience face au géant majoritaire ou faible ancrage dans certaines régions : plusieurs raisons expliquent l’échec de cette stratégie.

Les agriculteurs sortiront à nouveau les tracteurs les 18 et 19 novembre, dans un mouvement qui pourrait durer jusqu’en décembre. Après le gazole non routier, l’eau, les crises sanitaires et le Green Deal, la colère se concentre cette fois sur le Mercosur. Des victoires politiques inédites ayant été obtenues, cette nouvelle revendication semble plus symbolique et montre les difficultés à concilier l’image d’un syndicat de responsabilité avec la colère sur le terrain.