Info Contexte - Nucléaire : les réserves de l’État sur la stratégie d’EDF à l’export

La République tchèque accuse la France de vouloir torpiller son projet de nouveaux réacteurs nucléaires à la centrale de Dukovany, depuis que la Commission européenne s’est saisie du dossier par l’intermédiaire de son vice-président français chargé de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné. L’affaire, jusqu’alors cantonnée à une opposition entre Prague et EDF, a pris une tournure politique, qui embarrasse les autorités françaises. Celles-ci pourraient même demander à EDF de se retirer du projet.

Depuis qu’il a perdu l’appel d’offres pour la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires sur le site tchèque de Dukovany, EDF s’agite sur tous les terrains – et notamment à Bruxelles – pour « tirer la sonnette d’alarme » et empêcher la signature du contrat avec le sud-coréen KHNP. Le français dénonce une concurrence faussée par un soutien public coréen. Pour EDF, l’enjeu dépasse ce seul projet : il y va de l’avenir de la filière nucléaire européenne, affirme l’énergéticien français. Mais, pour l’heure, la Commission européenne regarde ailleurs.

« Surcoûts, retards et incertitudes » : la filière nucléaire est « loin d’être prête » à mener le programme du nouveau nucléaire français et fait face à des défis « préoccupants », constate la Cour des comptes dans un rapport sur la filière EPR publié ce 14 janvier.

Contexte publie le rapport sur « le maintien des capacités industrielles de la filière nucléaire en vue de potentielles nouvelles constructions de réacteurs », commandé en 2018 par le gouvernement, partiellement déclassifié fin mars. Il préconisait le lancement de nouveaux réacteurs, tout en sonnant l’alarme sur l’importance des ressources humaines.