À Bruxelles le prochain budget européen est au centre de toutes les attentions, à Paris l’instabilité politique inquiète

Parti début septembre pour Londres, Philippe Duclaud a laissé vacante la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE), centre névralgique du ministère de l’agriculture, aujourd’hui assurée par un intérim. Le moment est critique : PAC à négocier, arbitrages budgétaires à défendre, décrets en suspens. Mais il pourrait aussi correspondre à un tournant stratégique pour la direction. Autant de raisons qui font de cette nomination un enjeu politique majeur, où Élysée, Matignon et l’Agriculture avancent leurs pions sans réussir à s’accorder.

« Cet accord est équilibré pour le secteur agroalimentaire de l’UE », a promis Christophe Hansen le 3 septembre. Le commissaire européen à l’agriculture s’est exprimé quelques heures après l’adoption par la Commission européenne du projet d’accord commercial avec le Mercosur. Une étape importante, qui ouvre la voie au processus de ratification. Pour faire face à la « minorité de blocage » et aux eurodéputés opposés à l’accord, Ursula von der Leyen a peaufiné sa stratégie et promis des « clauses de sauvegarde renforcées ».

Jusqu’en 2027, environ 23 % du budget pluriannuel de l’UE reste consacré aux paiements directs. Le 16 juillet, avec sa proposition de règlement pour la prochaine PAC, la Commission européenne a mis sur la table un projet de refonte en profondeur de cet instrument crucial du soutien économique aux agriculteurs. Dégressivité, plafonnement, sortie de l’aide à la surface… Plusieurs options sont envisagées et annoncent des négociations particulièrement difficiles.

Dans un document daté de mai que nous avons pu consulter, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) recommande de réorienter certains financements publics pour mieux accompagner les agriculteurs dans leur transition écologique. Notamment les écorégimes du premier pilier de la PAC et les aides à l’agriculture biologique. Néanmoins, seule une minorité des subventions agricoles a un effet négatif direct sur la biodiversité aux yeux des inspecteurs.